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Toute la Vendée
est dévastée

Turreau et ...
les colonnes infernales

La Vendée militaire se compose de quatre demi-départements : le nord de la Vendée et les Deux-Sèvres, le sud de la Loire-Inférieure (devenue Atlantique) et du Maine-et-Loire.
C'est avant tout une région de plaines d'une superficie de
10 000 km2 ; le climat y est tempéré. Avant la Révolution, les paysans y étaient aisés, le commerce florissant. La guerre va ruiner le pays pour de longues années.

Les chauffeurs de pieds

la vendée après la guerre civile
Les gros bourgs ou les petites villes comme Clisson, Cholet, Mauléon sont dévastés. Les grandes villes sont pareillement touchées, notamment Nantes : « Assiégée depuis trois ans, frappée par les actes les plus atroces de la tyrannie, soumise à toutes les charges militaires, elle a vu ses négociants emprisonnés ou contraints d'aller chercher ailleurs la paix, la liberté qui conviennent à l'industrie, ses marchandises enlevées au maximum, ses vaisseaux mis en réquisition, ses capitaux perdus par l'insurrection des colonies, son commerce anéanti par la guerre maritime. »
A la famine, à la misère, aux maladies vénériennes s'ajoute un fléau nouveau : les chauffeurs de pieds. Des troupes de malfaiteurs composées de laboureurs affamés, d'anciens soldats se livrent au vol, au viol, à la torture, à l'assassinat.
A Frossay, comme partout ailleurs, les maires se plaignent qu'il leur soit impossible de faire la moindre police : « en dehors des bourgs, les brigands volent, pillent, assassinent toutes les nuits et souvent le jour ». Dans les Deux-Sèvres « le système de pillage et d'assassinat y prend un caractère alarmant ».
Parfois ce sont de véritables bandes de 1 500, voire même 2 000 hommes qui se constituent : alors, elles n'hésitent pas à menacer les bourgs comme Parthenay. Partout, ce sont les mêmes scènes : on pille, on lacère les papiers de l'administration. Les meuniers sont souvent visés car on les accuse d'abuser de la situation.
Face à cette situation, les populations désarmées sont la plupart du temps livrées à elles-mêmes. Certaines pour s'autodéfendre prennent les mesures qui s'imposent : en Brière, par exemple, les habitants fabriquent trois canons de bois liés de fer.
Des milices sont réquisitionnées, des gardes de nuit créées. Cependant, toutes ces mesures se révèlent insuffisantes comme s'en plaint le maire de Salartenne : « La famine ne tardera pas à faire sentir ses funestes effets dans le pays sans un meilleur ordre des choses... On ne souffre pas le cultivateur dans sa chaumière, sa fille et sa femme sont violées devant lui. On le rend témoin et quelquefois complice de cette infamie. La mort le poursuit de toutes parts et le désespoir le fait abandonner ses terres. Bientôt, ses champs seront couverts de ruine au lieu des belles moissons qu'ils produisaient autrefois. »
Pour affronter ces dangers, l'administration exhorte les Vendéens à la seconder. Cependant, elle continue à ne pas faire la distinction entre les criminels de droit commun et les rebelles politiques : « Savez-vous, citoyens, qui sont ceux qui violent vos asiles, portent une main criminelle sur vos prisonniers et vos propriétés ? Ce sont les émigrés, les prêtres qui se cachent pour méditer de nouveaux forfaits et leurs satellites... »
Elle pousse à la délation : « Arrêtez, dénoncez tous les individus qui se cachent ou qui vous sont inconnus » et menace : « Si vous ne prenez pas cette ferme résolution (...) votre sang coulera encore et nous aurons la douleur de ne pouvoir l'arrêter »...

Les loups sont entrés dans la ville

La chasse ayant été suspendue depuis 1792, les loups se sont multipliés et, aussi affamés que les hommes, ils attaquent jusque dans les maisons. Pour stimuler les battues, des arrêtés sont publiés et des primes versées à chaque prise : 10 livres pour un adulte, 3 pour un louveteau. Pour toucher cette prime, il faut apporter comme preuve une tête coupée, l'oreille gauche ou les deux.
Cependant, tous les gouvernements ne se sont pas montrés sourds aux plaintes de la Vendée militaire. Au gré des hommes politiques, certaines propositions pour venir en aide aux Vendéens sont faites, comme la création de greniers, la reconstitution de l'outillage et des cheptels. Les départements accordent des primes et des encouragements.
Certains, comme un ingénieur nommé Cavoleau, propose des solutions concrètes ; il s'agirait de choisir une riche terre et de la faire régir pour le compte et aux frais de la nation : « les premiers frais de l'établissement seraient douze boeufs choisis parmi ceux appartenant à la nation, vingt belles brebis, les deux plus beaux taureaux, deux beaux étalons, quelques belles juments, quatre ou six béliers avec de belles brebis de Montagne et la plus grande espèce de cochon »... Ce cheptel s'agrandissant se perfectionnerait de son produit : « Partant de ce foyer, se propageraient de proche en proche les bonnes méthodes de cultures, les beaux types d'animaux et les grains dont l'expérience aurait démontré l'utilité. La nouveauté n'inspirerait plus de défiance parce qu'on serait rassuré par le succès »...
Ce projet n'est pas unique, certains mêmes se proposant de nationaliser les terres et d'y établir un kolkhoze avant l'heure.
En fait, il faudra attendre la prise du pouvoir par Bonaparte pour que le gouvernement prenne des mesures d'aide concrètes et à grande échelle.
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